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marc crapez - Page 2

  • Tour d'horizon... (47)

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    Au sommaire, cette semaine :

     - sur Infoguerre, Alain Mermoud explore les dessous des révélations sur les sociétés offshore et les paradis fiscaux...

    Opération “Offshore Leaks” : qui manipule qui ?

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    - sur Marianne, Marc Crapez revient sur le mantra anti-protectionniste des gourous du libre-échangisme

    Les gourous du libre-échangisme

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    - sur Causeur, Jérôme Leroy a le rire amère à propos de la fermeture de la raffinerie Petroplus et du vote de la loi sur le mariage homosexuel...

    Champagne et dragées à Pétroplus

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  • Le populisme ne veut plus rien dire...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Marc Crapez, cueilli sur le site de Marianne et consacré à l'anti-populisme de l'oligarchie...

    Chercheur en sciences politiques, Marc crapez est l'auteur de plusieurs essais comme La gauche réactionnaire (Berg, 1998), L'antisémitisme de gauche au XIXe siècle (Berg, 2002), Défense du bon sens (Rocher, 2004).

     

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    Le populisme ne veut plus rien dire

    Depuis la mort de Raymond Aron, la science politique française s’est endormie. Son lexique a banni des notions comme l’affairisme, la bureaucratie, l’élitisme, l’oligarchie et, parallèlement, promu outrancièrement celle de populisme.

    Aux Etats-Unis, le sociologue Richard Florida vante la notion de « classe créative » pour désigner une classe mobile et qualifiée, définie en trois « t » : technophile, talentueuse et tolérante.
     
    Les sciences sociales apportent donc, sur un plateau, des théories qui font rosir de contentement les élites. Il est gratifiant d’être large d’esprit et à la pointe du progrès.

    De regarder les peuples comme des retardataires en leur faisant la leçon.

    D’être exonéré d’avance de travers tels que la bureaucratie ou l’oligarchie.

    D’intimider toute velléité de contestation en menaçant de la traiter de populiste.
     
    La France est la plus atteinte. Tandis que le Financial Times a cessé la surenchère en recommandant un « populisme précautionneux », notre pays reste quadrillé par des élites qui se serrent les coudes et se montrent agressives dès qu’on les met en cause.

    Elles détestent la critique et la remise en cause de leur credo. Assimilé à de la démagogie et à du conservatisme, le populisme ne veut plus rien dire.

    C’est devenu une annotation sévère que l’élite inscrit sur le bulletin de notes du peuple à la moindre incartade.

     

    Le filon anti-populistique est inépuisable. Des intellectuels focalisent l’attention sur cet épouvantail qui permet de se faire peur tout en surfant sur le consensus.

    Ils ressassent de pseudo-inquiétudes sur un risque imminent de montée du populisme par carriérisme ou opportunisme certes, mais surtout de bonne foi par ignorance.
     
    Le fantasme du populisme repose sur une version biaisée de l’histoire que tout le monde répète en chœur.

    Selon cette légende, l’histoire du continent européen serait une longue suite de guerres, c’est la démocratie qui aurait porté le nazisme au pouvoir et Hitler aurait déclenché la guerre pour permettre à son peuple d’assouvir ses bas instincts.

    Par conséquent, ce serait la construction européenne qui a permis la paix et la guerre serait, pour les peuples européens, une fatalité à exorciser par une thérapie de groupe, sous la dictée de leurs élites.
     
    En réalité, le nazisme n’a pas été porté au pouvoir par les urnes mais par une sorte de coup d’Etat. Les guerres correspondent à certains traits de la nature humaine soumise à certaines circonstances sociales.

    Ce ne sont pas les peuples qui déclenchent les guerres mais les élites, à la fois parce qu’il s’agit de possibilités inhérentes à l’évolution des sociétés et pour préserver leurs propres intérêts, masquer leur incompétence ou appliquer leur idéologie.  

    Depuis 1945 en Europe, la paix procède de contraintes géopolitiques telles que la superpuissance américaine et la dissuasion nucléaire (l’Otan face au pacte de Varsovie), une prise de conscience de l’ensemble des populations et une surveillance accrue des peuples sur les initiatives des élites.

    C’est la paix qui a permis l’Union européenne et non l’inverse. La non-belligérance franco-allemande est la cause et non l’effet de l’édification européenne.
     
    En début d’année, aux cérémonies anniversaires de l’amitié franco-allemande, les Allemands ont joué le jeu, en organisant des festivités dans leurs écoles, réitérant à la base leur souci de bonne entente.

    Les peuples européens adhèrent à la paix et à la prospérité et c’est dans le cadre de ce consensus qu’une partie d’entre eux est mécontente et apporte ses suffrages à des formations politiques qui se présentent en alternative aux élites en place qu’elles contestent. Le parallèle avec les années 30 est, pour le moment, dénué de fondement.

    Marc Crapez (Marianne, 16 avril 2013) 

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  • Tour d'horizon... (40)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur Le Monde et sur Secret défense, Rémy Ourdan et Jean-Dominique Merchet rendent un bel hommage à Yves Debay, lansquenet et reporter de guerre, bien connu des amateurs de la chose militaire...

    Yves Debai, fou de guerre et aventurier iconoclaste

    La mort d'Yves Debai, reporter de guerre

     

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    - sur Marianne, Marc Crapez, chercheur en sciences politiques, exprime ses réserves sur l'intervention française au Mali

    Intervention au Mali, quel contrecoup ?

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  • Une sécession des élites ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un article de Marc Crapez, cueilli sur le site de Marianne et consacré à l'installation du populisme dans le paysage politique français. Spécialiste de l'histoire des idées, Marc Crapez est notamment l'auteur d'un essai marquant intitulé La gauche réactionnaire (Berg, 1997).

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    Le populisme est imputable à la sécession des élites
     
    D’où provient l’émergence de partis populistes qui font des scores à deux chiffres? Le vieillissement de la population européenne, invoqué par certains, n’explique pas grand-chose puisque les «seniors» sont réticents à voter pour ces formations. Il faut chercher du côté de déséquilibres restés sans solutions et de questions restées sans réponses.
     
    Le populisme est l’exploitation systématique du rêve populaire de réalisation immédiate des revendications des masses, selon la définition de Guy Hermet. Il provient actuellement d’une situation où «l’équilibre ne se fait plus entre les élites et le peuple». A preuve, l’emploi à tort et à travers du mot populisme, sans qu’il ne soit jamais question de son contraire, l’élitisme, contient une part de défiance envers la souveraineté populaire.
     
    L’éclosion de partis populistes ne résulte pas seulement de la propagande orchestrée par une poignée de démagogues. Elle résulte d’abord de la récupération d’aspirations populaires récusées par un élitisme exacerbé. Cette «révolte des élites», selon la formule de Christopher Lasch, a déclenché l’offensive, rudoyé le corps social, disloqué le cadre politique national, creusé la distanciation sociale et les inégalités de traitement.
     
    Le populisme est le contrecoup de l’institutionnalisation de l’idéologie post-soixante-huitarde. L’attachement patriotique et les valeurs classiques ayant été brutalement jetés aux oubliettes, tant par la droite que par la gauche, il n’est pas étonnant que surgisse une offre politique de belle brocante.
     

    Relégation et dépossession démocratique

    Les élites estiment la France sans grand intérêt. Elles ne font plus allégeance au projet républicain, mais à l’Europe et la mondialisation. Cela renforce les doutes de la population et la fragmentation communautariste de la société. Les partis populistes offrent un refuge politique et une fraternité de substitution aux catégories de citoyens maltraités par les élites parce qu’ils se posent trop de questions face aux tensions engendrées par la mondialisation et le multiculturalisme à marche forcée.
     
    Une France délaissée par les pouvoirs publics et médiatiques éprouve un sentiment de relégation. Elle ressent un déni d’appartenance et d’inclusion qui peut la pousser vers le vote extrémiste dans une logique de réparation et d’égalité. Orpheline de la protection tutélaire d’un creuset français, elle réclame les cadres nécessaires à une cohésion nationale.
     
    A cette impression d’abandon s’ajoute celle d’une dépossession démocratique, d’une démocratie française insuffisamment fidèle à ses propres principes. Le populisme du 21ème siècle est une attente de débat démocratique sur des questions ou des aspirations évacuées à la hâte. Penser qu’il puisse y avoir trop d’immigrés, d’assistés ou de profiteurs serait non seulement faux, mais odieux et criminel. Le mariage homosexuel serait non seulement une bonne chose, mais une évidence uniquement contestée par des arriérés ou des sous-doués, etc.
     
    Une vision paternalisme impute le vote Front national à des crispations peureuses. En réalité, de même que les neuf dixième des électeurs de Jean-Luc Mélenchon trouvent qu’il y a beaucoup trop d’inégalités sociales et qu’il faut absolument faire quelque chose, les neuf dixième des électeurs de Marine Le Pen trouvent que l’on accueille trop d’immigrés et qu’il faut absolument agir. Ce ne sont pas des points de vue irrationnels. Preuve en est que nul ne s’aventurerait à soutenir qu’il n’y a pas assez d’inégalités sociales ou pas assez d’immigrés. Même si camper sur l’idée que la France accueille beaucoup trop d’immigrés peut conduire à des raisonnements erronés.
     
    Marc Crapez (Marianne2.fr, 22 juin 2012)  
     
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